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La scarification, pratique ancienne et controversée, intrigue et divise. Utilisée depuis des millénaires dans diverses cultures pour marquer des rites de passage, des appartenances tribales ou des croyances spirituelles, elle se réinvente aujourd’hui dans certains milieux modernes comme une forme d’expression personnelle.
Pour ceux qui s’y adonnent, chaque cicatrice raconte une histoire unique, un témoignage gravé dans la peau. La scarification suscite aussi de vives critiques, notamment en raison des risques pour la santé et des questionnements éthiques qu’elle soulève. Comprendre cette pratique nécessite de dépasser les jugements hâtifs pour explorer ses significations profondes et complexes.
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Comprendre la scarification : définition et origines
Les scarifications sont des incisions superficielles de la peau, souvent pratiquées par les jeunes adolescentes pour soulager une tension insupportable. Cette pratique, bien que controversée, touche majoritairement les jeunes, notamment les adolescentes.
Jacquin et Picherot, médecins spécialisés en médecine de l’adolescent, définissent les scarifications comme des incisions cutanées superficielles faites par l’individu lui-même. Leur approche médicale met en lumière la dimension de soulagement temporaire que ces actes procurent aux jeunes en souffrance.
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David Le Breton, professeur de sociologie à l’Université de Strasbourg et auteur de l’ouvrage ‘La peau et la trace’, analyse les scarifications comme un moyen d’exprimer une souffrance à travers le corps. Selon lui, cette pratique permet aux jeunes de matérialiser une douleur psychique souvent incommunicable autrement.
- Définition : Incisions superficielles de la peau.
- Population touchée : Majoritairement les jeunes adolescentes.
- Perspective médicale : Actes de soulagement temporaire (Jacquin, Picherot).
- Perspective sociologique : Expression d’une souffrance (Le Breton).
La scarification, au-delà de sa dimension physique, interroge donc sur les mécanismes de gestion de la souffrance chez les adolescents. Elle s’inscrit dans un contexte plus large d’expression corporelle et de quête de sens, souvent incompris par l’entourage et les professionnels de santé.
Les motivations derrière la scarification
Les raisons poussant les jeunes à la scarification sont multiples et souvent complexes. Hawa, une jeune femme, a commencé à se scarifier suite à des épisodes de harcèlement scolaire et de violences sexuelles. Camille, quant à elle, a débuté cette pratique à l’âge de 14 ans à cause de violences sexuelles subies durant sa préadolescence.
Guillaume Camelot, psychiatre, souligne que les scarifications sont fréquemment un mode d’expression du mal-être à l’adolescence. Pour certains jeunes, ces marques corporelles représentent une forme de self injury, visant à apaiser une douleur psychique insupportable. Cette pratique, bien que douloureuse, offre un soulagement temporaire et un sentiment de contrôle sur leur propre corps.
Les motivations peuvent aussi être influencées par des facteurs sociaux et culturels. Dans certains contextes, la scarification peut être perçue comme une forme de body art, une manière de se différencier ou de s’affirmer. Pour d’autres, elle est un appel à l’aide, une tentative de communiquer une souffrance profonde que les mots ne parviennent pas à exprimer.
Le psychiatre Guillaume Camelot met en garde contre le risque de passage à l’acte, ces scarifications pouvant parfois être une tentation de tentative de suicide. La souffrance sous-jacente demande donc une attention particulière et une prise en charge adaptée, mêlant écoute et compréhension des motivations individuelles.
Les conséquences psychologiques et physiques de la scarification
Les scarifications laissent des traces profondes, tant sur le plan psychologique que physique. Michel Botbol, pédopsychiatre au CHU de Brest, considère cette pratique comme une technique de survie pour les adolescents en souffrance. Pour ces jeunes, ces incisions représentent une manière de gérer une douleur mentale intense et omniprésente.
Catherine Rioult, auteure de l’ouvrage ‘Ados : scarifications et guérison par l’écriture’, souligne que les scarifications revêtent une dimension de coupure symbolique du lien entre les parents et l’adolescent. Ce marquage corporel est souvent une manifestation de la volonté de se détacher d’une figure parentale oppressante ou incomprise.
La dimension physique ne doit pas être sous-estimée. Les scarifications peuvent entraîner des infections, des cicatrices permanentes et des dommages nerveux. Philippe Albert, psychologue et président de SOS Suicide Phénix Nice, analyse cette pratique comme un symptôme d’un mal-être profond chez les adolescents. Les cicatrices sont visibles, mais la souffrance sous-jacente est souvent cachée.
- Santé mentale : Dépression, anxiété, isolement social.
- Conséquences physiques : Infections, cicatrices, dommages nerveux.
- Dimension symbolique : Coupure du lien parental, appel à l’aide.
Michel Botbol, aussi membre du Comité de pilotage psychiatrie de la DGOS, insiste sur l’importance d’une prise en charge clinique pour ces adolescents. Ils nécessitent un accompagnement psychologique adapté afin de trouver des alternatives moins destructrices à leur souffrance psychique.
Accompagnement et solutions pour les personnes concernées
Le rôle des parents est souvent essentiel dans l’accompagnement des adolescents se scarifiant. Nombreux sont ceux qui se sentent coupables et impuissants face à cette situation, mais une approche empathique et informée peut faire une différence significative. Le psychologue clinicien joue aussi un rôle central. En accompagnant les jeunes, il aide à soulager la souffrance sous-jacente et à trouver des moyens alternatifs de résolution psychologique.
Marie, surveillante dans un collège difficile, a remarqué qu’une élève de 13 ans se scarifie. Cet exemple illustre l’importance de la vigilance dans les établissements scolaires. Les collèges et lycées sont souvent les premiers lieux où ces comportements peuvent être observés, nécessitant une intervention rapide et adaptée.
Selon une étude de l’INPES réalisée en 2013, environ 1 adolescent sur 10 admet avoir pratiqué des automutilations, dont les scarifications. Cette statistique souligne la nécessité de mettre en place des dispositifs de prévention et d’accompagnement adaptés. Les réseaux sociaux et plateformes comme Fil Santé Jeunes proposent des espaces de discussion et de soutien, permettant aux adolescents de partager leurs expériences et de recevoir des conseils de professionnels.
- Parents : Approche empathique, rôle fondamental dans l’accompagnement.
- Psychologue clinicien : Soulagement de la souffrance, alternatives de résolution.
- Collèges et lycées : Vigilance, intervention rapide.
- INPES : Études et statistiques sur les automutilations.
- Réseaux sociaux : Espaces de discussion, soutien professionnel.